J’attends, il faut bien dire avec une certaine impatience, le workshop d’Olivia Mortier à Kéramis Louvière. Sans cracher dans la soupe le résultat du traitement numérique d’image est extrêmement gratifiant tant que ça reste sur écran, et terriblement décevant dans sa matérialisation (il n’y a qu’à voir les productions des imprimantes 3D). Tout dispositif de passage d’image vers un medium réel est donc le bienvenu. J’ai mitonné quelques fichiers (le choix définitif n’est pas encore arrêté, deadline le 20 novembre).
Je les ai aussi intégrés, au cas où le résultat serait immédiatement exploitable, dans une œuvre en cours (il y en a tellement !) depuis 2016, appuyée sur Les Oiseaux d’Aristophane. Apparition de Philomèle et d’une représentation nébuleuse de Nephélococcygie.
Le tout dans une manière de triptyque de tondos.
En termes compositionnels, un petit texte de Ghislaine Jay-Robert, “L’espace dans Les Oiseaux d’ Aristophane”, me sert de Canevas pour une tentative d’exploitation en panneau.
Matérialisée pour l’instant sous cette forme (ça sent quand même le coïtus interruptus, mais bon !). Ainsi qu’ une tentative de réduction de l’image et d’impression xylographique (un peu merdées pour cause de non-prise en compte de l’échelle (contrainte par la feuille de bois (ce qui est con puisque je peux découper, réassembler etc. à volonté ; on ne se refait pas !)).
Du coup je retravaille « Fidèle-Ami et Bon-Espoir » sous des formes diverses et variées. Ici en dessin-trames.
En ce qui concerne le passage d’image, je voulais mettre lors du dernier post le passage du texte de Lucrèce cité dans ma bible L’Art et ses agents : une théorie anthropologique de l’art, d’Alfred Gell. J’avais égaré le bouquin (il était dans ma voiture, ceux qui ont déjà vu le véhicule comprendront). Je le mets donc ici :
« Désormais, je t’expose un sujet fort apparenté. Il existe pour toutes choses des images (simulacres ; grec, eidola), comme nous les nommons ; sortes de membranes détachées de la surface des corps, elles voltigent de tous côtés à travers les airs. […] Je dis que les choses envoient de leurs surfaces des effigies, formes tenues d’elles-mêmes, des membranes en quelque sorte ou des écorces, puisque l’image revêt l’aspect, la forme exacte de n’importe quel corps dont, vagabonde, elle émane. […] Certaines se dissipent et s’évaporent, la fumée du bois vert ou la chaleur du feu ; d’autres sont plus serrées, plus denses, telles en été les tuniques rondes que déposent les cigales, la robe dont le serpent furtif se dévêt dans les ronces… Mais puisque cela se produit, une image tenue doit aussi émaner de la surface des choses. »
Lucrèce, De la nature (De rerum natura)