Argos Panopès est le nom du cadre de Io manne. J’ai structuré les parties biseautées (vers l’intérieur) et la corniche (vers l’extérieur) pour faire une manière de casseta, l’aplat entre les deux est borné par des lattes de hêtre avec des feuillures. Cet aplat est divisé en deux dans l’axe médian vertical. À droite les « yeux » ouverts matérialisés par une feuille de verre structurée en petits damiers, sertie dans deux plombs qui se logent dans les feuillures dont j’ai parlé précédemment ; à gauche les « yeux » fermés qui sont les gravures des carreaux de la feuille de droite faites au laser dans une bande de contreplaqué japonais serties entre deux filets d’ébène. Au milieu, en haut et en bas, un séparateur en verre structuré dont je n’ai pas encore arrêté le motif. Pour régler l’histoire des « ouverts/fermés » j’ai fait de nombreux essais, notamment sur le traitement de la transparence et des arrière-plans.
Je suis satisfait du résultat, bien qu’il reste à le matérialiser complètement. La cohérence entre l’image (contenu iconique et structure picturale) et le cadre (parergon et motif à carreaux) me semble assurée, et leurs relations, inchoatives dans l’interprétation, plutôt fécondes (oui, oui, Boileau, « Ce qui se pense bien, etc. » ; mais ça, je le pense difficilement et je ne l’exprime pas clairement.)
La fermeture du regard est une figure que je poursuis (ou qui me poursuit) depuis longtemps. Dans un des premiers posts (mars 2008) il y a une allusion à la scène du film de Kim Ki-Duk (Printemps, été…) où le personnage de l’ermite se couvre les yeux de paperolles où sont inscrits les kana correspondant à « fermés » avant de s’immoler.
J’ai avancé « Le chef-d’œuvre inconnu » qui bouge drôlement. Je me suis penché sur le pendant du dessin de la fille aux prothèses. J’ai dans l’idée de capitaliser ce que je travaille sur les miroirs, et j’ai l’intuition que ça pourrait me mener beaucoup plus loin. La structure générale serait la même que pour celle de F(r(on(d(t(ce))))). C’est-à-dire un grand dessin en vis-à-vis d’un petit.
J’ai choisi l’image et j’en suis encore à rentrer dedans. C’est une image de Capa, très construite, pleine à craquer ; j’y travaille de l’extérieur. La partie exploitée est celle des deux personnages de droite.
ROBERT CAPA/ICP/MAGNUM PHOTOS
Le traitement du miroir est complexe. J’ai d’abord défini les zones d’arrière-plans qui allaient servir d’écran (celles qui allaient conserver le tain). J’ai fait un pochoir au FabLab avec du vinyle et j’ai sablé.
Le pochoir vinyle (au-dessus) et le miroir sablé (en dessous).
J’ai ensuite travaillé sur un fichier les zones proches des motifs, et je les ai gravées au laser (la photo est du côté du tain, et c’est d’ailleurs intéressant aussi).
La troisième opération a consisté à sabler l’avant en utilisant la partie de l’image qui m’intéresse, tramée et insolée sur un film polymère. Le sablage est fait non plus au pistolet, mais à l’aérographe (ça prend des plombes).
Difficile de se rendre compte sur la photo mais je suis assez satisfait. Il faut une certaine mobilité au spectateur pour entrevoir quelque chose (ou non).
Je continue de traiter l’image, cette étape étant peut-être transitoire. Je dessine, assemble, trame, observe…
C’est pas tout ça, mais faut aussi que je gagne ma croûte.