Période de gestation. J’ai bien une idée, enfin, ce que Deleuze appelle « avoir une idée » (voir la petite vidéo, la fin est caviardée mais l’essentiel est dit). Un faisceau d’éléments qui tend à produire une œuvre. Je mets en vrac : une ambiance générale, quelque chose de pas gai, matérialisé, pour l’instant, par le titre tiré de l’ Ènéïde de Virgile (avec double interprétation possible : il y a des larmes pour les choses qui en valent la peine, les choses ont des larmes), une image que je traîne avec moi depuis juillet 2006.
C’est une photo d’une série de photographies d’identifications prises de loin, les visages sont pratiquement indiscernables, et pourtant, chacun est différent et particulier ; ils sont là pour faire nombre.
Pour le dispositif, j’ai envie, au lieu de suspendre le travail, de m’adosser au mur en prenant appui sur le sol. J’ai dans mes richesses des pieds de baignoire en fonte qui constitueront le socle de cette installation.
Alors comment ça travaille? Menger (je remets l’extrait de l’émission dont je parle ici) parle de day dreaming comme processus maturant.
Mais je ne sais pas bien comment rendre compte de ça. L’activité qui pour moi facilite le plus le day dreaming, c’est la marche (la conférence de Thoreau De la marche publiée par Mille et une nuits est un de mes bréviaires). Comme je fais ça souvent et pour enrichir le journal de l’œuvre, je les signalerai. La marche inaugurale pour Lacrimae a eu lieu à Liques le 29 août par une très belle fin d’après-midi. C’est un parcours que j’aime bien, on longe le Ventu de Liques à Alembon et on revient par une combe qui longe un bois.