La belle lurette

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   Ça digresse dur. Je suis emporté par les linos, j’ai pu faire des tirages avec la presse hier soir. La deuxième plaque est meilleure que la première mais c’est pas encore ça. L’équilibrage du blanc et du noir n’est pas bon et la circulation encore un peu timorée. 

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    La plaque 1.

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    La plaque 2. La citation du bas est le titre du chapitre 1 de L’idéologie du traître, Art, manière, maniérisme d’Achille BONITO-OLIVA, L’Harmathan, 2006. Je mets aussi les dessins préparatoires et la plaque.

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   Parallèlement je me documente. Je connaissais bien les xylos de la fin du 19ème (Valotton, les Nabis etc., etc.), un peu les graveurs du 20ème (Laboureur, Grommaire…) mais très peu les auteurs des romans graphiques comme Frans Masereel, Lynd Ward ou encore l’excellente Helena Bochorakova-Dittrichova. Un très bon livre, signalé dans le Libération du 14 mai, de chez La Martinière (une fois n’est pas coutume), Le roman graphique de David A. Berona,  2009, leur est consacré (avec d’autres aussi intéressants). Pour Masereel, il y aura une exposition à Blankenberg cet été, et sur ce site on peut voir les planches de la ville éditée en 1925.

Je ne peux pas résister à mettre en parallèle cette page de La belle lurette de Calet écrite, elle, en 1935, à qui j’ai emprunté le titre de ce post et, une des xylos de notre anarchiste flamand.

« –          Quel malheur, disait Juliette avec une indifférence sincère.

Elle manquait d’intérêt. Elle était absente ou pas encore arrivée.

Mimille pendouillait à son bras et trottinait bêtement, en se plaignant à voix basse. Il avait mal aux pieds, lui.

Juliette essayait de faire comprendre à ce petit idiot qu’il était emmerdant.Petit idiot larmoyait.

          Pleure, tu pisseras moins, lui disait sa sœur, fatiguée et de ses larmes et de ses pipis. 

Vers le bout du jour on rentrait par les rues droites d’usines, où il ne passe personne. Du soleil restait accroché à des morceaux d’affiches. C’était l’été et, dans le plein été, le soleil venait jusque là.

Les pissenlits jaunes se dressaient vaniteusement comme des fleurs.

Des chats rampaient verticalement sur les palissades, et griffaient. Derrière ils avaient une vie sauvage dans la douceur des terrains vagues.Des terrains vagues avec des vagues de chiffons sales, de fers rouillés, de sanies.

On se collait des questions d’amour.

          Tu m’aimes dis ?

          Oui je t’aime !

On avait des petits désirs dans l’arrière-boutique de nos pensées.

          Embrasse-moi. Je serrais très fort Juliette, ma bien-aimée, entre mes bras. Son corps et le mien donnaient une odeur de sueur et de pisse séchée dans les linges.

Mimille, en attendant, s’asseyait sur le bord du trottoir et suçait pensivement une canule d’injecteur en guise de sucre d’orge et trempait ses pieds gonflés dans l’eau courante du ruisseau.

Je baisais la tête désespérante.

Juliette avait pris l’habitude de fouiller dans la poche du milieu pour trouver ce qu’elle savait bien.

Et, un beau soir, je l’ai basculée sur la pierre de la rue.

Elle était toute consentante.

L’enfant interrompit son jeu, puis il se mit à pleurnicher parce que sa grande sœur gémissait. »

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   Dans un registre différent, j’ai du mal à rerentrer dans mon Actéon clandestin, je sens que je tergiverse. J’ai quand même fait la caisse (en deux registres).

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1 réflexion sur « La belle lurette »

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